La « déqualification » de l’art: La caricature et l’exposition publique à Londres (c. 1769-1783)
Grandjouan, Kate (2019) La « déqualification » de l’art: La caricature et l’exposition publique à Londres (c. 1769-1783). In: L’Image Railleuse : La Satire Visuelle du XVIIIème siècle à nos jours. Institut national d'histoire de l'art.
Abstract
Cet article traîte la place de la satire de l’art dans le cadre des expositions publiques en Angleterre au dix-huitième siècle. Entre 1769 et 1787 le nombre de pièces exposées à l’Académie augmente de 136 à 689, une évolution facilitée par son déménagement vers l’impressionnant emplacement de Somerset House. Mais Londres possedait d’autres espaces publiques aussi, tout comme les expositions qu’organisaient la Société des Artistes depuis 1760. Des recherches récentes ont mis en évidence la façon dont ces changements de structure ont façonné la conception et la réception des typologies traditionnelles - histoire, paysage et portrait (Solkin, éd., 2001). C’est cette évolution qui marque également les satires de l’art. Les catalogues indiquent la présence constante d’une activité humoristique au sein même de ces expositions et à travers des caricatures qui imitent des sujets ou des catégories d'exposition à la mode. A partir de 1769, le célèbre artiste-amateur Henry Bunbury (1750-1819) expose à l’Académie royale des dessins topographiques de la France qui sont délibérément gauches et excessivement faux. Une dizaine d’années plus tard, cette posture ironique est revisitée par Thomas Rowlandson (1756-1827) à travers des dessins humoristiques exposés à la Société des Artistes et à l’Académie royale. La posture de Rowlandson était plus ironique encore: car ses parodies Anglo-Françaises découlent directement d’un savoir-faire acquis au cours d’une double formation professionelle, d’abord à l’Académie de Londres, ensuite à l’Académie de Paris. A côté, est l’académicien français, Philippe de Loutherbourg (1740-1812) célébré à Londres pour ses grandes toiles caricaturales de sujets anglais. Dans cette article, la caricature est définie comme la « déqualification » de l’art (« deskilling », Petherbridge, 2010: 353) et comprise comme une forme de jeu caricaturale qui génère des dialogues inter-médiaux, complexes et pleins d'esprit pour un public de plus en plus sophistiqué visuellement et pour qui la plaisanterie est précisément localisée.
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